Match (Gabriel)

Qu'est-ce que c'est bon de revivre à nouveau un match de crosse ! J'en ai été privé pendant trois mois (deux mois de vacances plus un mois de sélection de l'équipe) et ça m'a manqué. Le premier match de la saison vient de se terminer et mon équipe l'a gagné. Je suis surtout fier d'avoir marqué le premier point. Vu la victoire de l'équipe locale, l'ambiance sera bonne ce soir à Allendale.
Une fois le match terminé et les félicitations venant de toutes parts, je décide de quitter le terrain de sport où a eu lieu la rencontre. Je range mes protections et autres équipements ne m'appartenant pas. Je garde ma tenue sur moi et ne va pas à la douche. Dans les vestiaires, je prends juste mon sac à dos, salue mes coéquipiers et pars.
Si je décide d'agir de la sorte, de partir comme un voleur et ne pas me joindre à la fête qui aura lieu après, c'est que j'ai un rendez-vous. Un rendez-vous avec l'une des personnes dont j'ai le plus envie de fêter la victoire et le retour de la crosse. C'est parce que je suis pressé que je file vite. Mais aussi parce que je veux être vu en sueur, avec des traces de terres ici et là et portant ma tenue de joueur.
Qui sait, peut-être qu'Il sera content de me voir ainsi. Peut-être aussi que ça l'émoustillera, l'excitera même (c'est le but après tout). Je quitte les vestiaires et me dirige vers le parking. Nous devons nous rejoindre à sa voiture. Il a pris soin de se garer à l'écart, afin de ne pas être vu. Je repère le véhicule et m'y dirige.
Je dépose mon sac à dos à l'arrière et regarde autour de moi. J'agis le plus naturellement du monde, bien que ça soit difficile. Je suis habitué, depuis un an que je sors avec. Mais je ne veux pas baisser ma garde. Je rentre dans le véhicule et, avec un grand sourire, lâche un : « Salut toi » avant de déposer mes lèvres sur les siennes. Le voir est aussi bon que de reprendre le sport, voir même plus.

T'avais assisté au match de lacrosse. Le sport, ce n'était pas ton truc, depuis ton adolescence, tu avais repoussé toute activité physique, tu avais l'impression de perdre ton temps, de ne pas être à ta place, tu avais trouvé mille et un prétextes pour ne pas en faire et au final, tu vivais parfaitement bien avec cette absence. Tu avais fait l'effort de venir pour Jace, c'était son premier match de la saison et il t'avait demandé d'y assister. Si au départ, tu n'étais pas partant à cette idée, tu avais accepté, te disant que tu embarquerais sûrement un bouquin avec toi si tu t'ennuyais au stade. Et en arrivant, tu avais pris le soin de l'abandonner dans la voiture par respect pour ton amant. Ralala, qu'est ce que tu ne ferait pas pour lui ? Installé à une place dans les gradins, tu te sentais mal à l'aise avec les voisins qui criaient, hurlaient pour supporter leur équipe. Une ambiance qui ne te correspondait pas, en somme. Ton regard s'était seulement concentré sur Jace, à le voir courir sur le terrain. Intéressant (et au fond, excitant) de le voir comme ça, à se battre pour la victoire.
Le match fini, tu étais un des premiers à quitter les gradins, rejoignant ta voiture en retrait, n'oubliant pas de mettre tes lunettes de soleil afin que personne ne te reconnaisse et te plongeant dans ton livre, tu n'avais pas attendu bien longtemps afin que Jace te rejoigne.
« Salut mon champion. » déclares-tu, un grand sourire, accueillant ses lèvres sur les tiennes pendant un bref instant. Tu démarres la voiture, quittant alors le parking du stade pour aller en direction de ton appartement. Tout en restant vigilant durant la route, tu ne gardes aucun compliments en toi « C'était quand même magnifique ce premier point marqué ! T'as commencé les hostilités comme il le fallait. » prononces-tu avec un fier sourire, fier de ce que Jace était capable de faire. Il ne fallait qu'une dizaine de minutes pour arriver dans ton quartier, te garant à ta place habituelle. Sortant de ta voiture, tu ôtais tes lunettes en suivant, allant ouvrir la porte de l'appartement. Tu étais heureux d'habituer au rez-de-chaussée, pas de problèmes d'ascenseur, ni de marches. « Y'a un côté de moi qui te trouve crade, mais y'a un autre qui te trouve séduisant comme ça. » prononces-tu avec uns ourire narquois en le considérant.

Je sens que ça sera une très bonne soirée. Non seulement mon équipe a gagné le premier match de la saison, mais en plus, je célébrerai ça avec mon petit-ami. Je pouvais le faire avec mes autres partenaires de l'équipe, mais j'ai préféré celui avec qui je suis en couple depuis un an. Je ne pense pas avoir perdu au change de toutes façons, bien au contraire.
Quand je rentre dans la voiture, ce fut un grand sourire qui m'accueillit suivi d'un baiser volé. Qu'est-ce que j'aime l'embrasser, bon sang ! Gabriel est doué avec ses lèvres de toutes façons. Mais peut-être aussi que mes sentiments troublent mon jugement. Je souris en coin et me retiens de rougir, quand il me complimente sur ma façon de jouer. « Merci ... » finis-je par dire néanmoins.
Je sais que le beau brun n'aime pas trop le sport et se rend très rarement à des matchs. Je lui ai demandé de venir à celui-ci, pour me faire plaisir. J'ai joué aussi la carte « sentimentale », en lui disant que mes parents ne viendraient sûrement pas pour s'éviter (à cause du divorce). J'avoue, je peux être manipulateur pour obtenir ce que je veux. Et là, dans ce cas, ça a marché.
Je pris quand même la peine de le remercier d'être venu. « Merci aussi d'être venu, c'est sympa'. » Je pouvais dire autre chose, je me devais de dire autre chose. Sauf que bon, ce n'est pas mon genre et Gaby le sait. J'espère juste qu'il comprend cette partie de mon caractère et que ça me touche qu'il soit venu. La voiture démarra et roula jusqu'à son appartement.
Au bout d'une dizaine de minutes, nous nous retrouvâmes chez lui. Dans le hall d'entrée de son appartement, il me lance qu'il me trouve certes crade, mais que ça a un côté excitant aussi. Mon côté coquin se réveille alors et je lui lance. « Il y a certaines zones que tu aimes beaucoup chez moi qui sont, par contre, très propres. » Et pour le lui faire comprendre de quoi je parle exactement, je lui pose une main sur mes fesses et l'autre sur mon entre-jambe. « Ce soir, tu peux être mon coach sportif qui vient me féliciter pour avoir gagné ! »